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Pour les voir, il faut lever les yeux. Parfois se baisser ou pencher la tête. Il s’agit d’être attentif. Mais il est aussi possible de les apercevoir par hasard. Il faut dire qu’elles sont de plus en plus nombreuses dans les rues de Strasbourg. Elles ? Ce sont les cigognes façon pixel art imaginées par l'artiste strasbourgeois d'adoption Stork.
Depuis l’automne ce dernier dépose ses mosaïques, logiquement baptisées Stork («cigogne » en alsacien), dans les rues de Strasbourg. Il y en a actuellement 53 dans toute la ville. Tout est parti d’une initiation par son neveu à la chasse aux Space Invaders. « J’ai commencé à m’y mettre en famille. C’est une façon d’appréhender la ville, de la visiter d’une autre manière, raconte le quadragénaire. J’ai trouvé ça très sympa, j’ai alors commencé à faire la même chose. Et puis je me suis dit que j’étais en train de copier un artiste, Invader, qui est pour moi le mentor du pixel art. Ce n’était pas normal. »
Ne « pas saturer » la ville de cigognes
Le Strasbourgeois a alors voulu créer un truc à lui : « Qu’est-ce qui pourrait symboliquement représenter ce que j’aime ? » Bim, la cigogne !
Comment les lieux de pose sont-ils choisis ? « Je cherche toujours une perspective. Enfin j’essaye, répond celui qui ne se considère pas vraiment comme un artiste. Sur le pont par exemple, l’idée était d’avoir une perspective avec l’eau et avec le soleil, la luminosité m’intéressait. C’est aussi au fil des déplacements que je remarque des sites potentiels. »
Avec une constante : elles ne sont jamais placées à hauteur d’homme. « C’est souvent celles qui sont le plus vite abîmées. Et je ne veux pas que ça dégrade la ville ». Tout comme le Strasbourgeois – même s’il dit ne pas se fixer de limites — ne souhaite pas « saturer la ville ». Les protéger des dégradations implique donc de les mettre souvent en hauteur. On imagine alors que la pose, de nuit, n’était pas simple : « Oui, au-dessus de l’autoroute notamment c’était un peu plus acrobatique », sourit l’artiste.
Les cinquante nuances de Stork
Stork ne dispose pas d’autorisation pour déposer ses œuvres. Mais il n’a jamais rencontré de problèmes et, surtout, ces dernières sont mises en avant sur le site de la ville de Strasbourg valorisant le street-art du territoire. L’occasion de constater les cinquante nuances de Stork, puisque l’artiste aime adapter sa mosaïque à l’endroit : « Parfois c’est le nom des rues qui m’amuse. Dans la rue de Lausanne, j'ai mis un baluchon au drapeau suisse », cite-t-il en exemple. Près du stade de la Meinau, la cigogne est aux couleurs du Racing. Depuis peu, elle porte même la Coupe de la Ligue. « Il y en a trois là-bas. Parce que j’ai déjà passé énormément de bons moments en allant voir le Racing jouer ». Autre référence locale : Tomi Ungerer et des cigognes sous les habits des Trois brigands, posées en pied de la façade du musée éponyme « Je les avais préparées longtemps avant qu’il ne décède. Les cigognes étaient plus grosses, mais j’avais peur du regard du musée. Au moment de l’hommage à Tomi, je les ai finalement posées en plus petit et plus bas ».
Déjà posées à Paris
Comme la cigogne voyage, les Stork sont appelés à faire leur nid en dehors de Strasbourg. Outre l’Alsace, les mosaïques au long bec ont déjà visité Paris. Actuellement, 57 cigognes sont visibles dans la capitale, soit plus qu’à Strasbourg : « Parce que j’ai un projet supplémentaire à Paris : quand on relie tous les Stork posés dans un arrondissement, ça dessine une énorme cigogne vue de haut », se défend l’artiste qui a déjà fait quelques tours dans le 13e, 14e et 15e arrondissements.
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